La légende de Yaya (3)

Publié le par Le monde de Nilumel

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Un mercredi, j’étais invitée chez Nadine, mon amie de classe. En allant chez elle, je décidais de faire un tour du côté de chez YAYA. Personne ne remarquerait cette petite incartade de quelques minutes et je pourrais peut-être faire avancer mon enquête.
Cette fois-ci, le portail était fermé et je dus l’ouvrir. Par contre, la courette était déserte, je m’avançais jusqu’à la porte de YAYA et je frappais. Personne ne me répondit. Je jetais un coup d’oeil par les carreaux. La pièce était sombre et vide. Comme la dernière fois, je ne sais ce qui me prit, mais le coeur battant à se rompre, j’entrouvrais la porte et je pénétrais chez YAYA.
 
Tout était calme et seul un peu de poussière virevoltait dans un rayon de lumière. Je m’approchais du lit et observais le coin où j’avais aperçu le petit personnage. En me baissant, je vis dans le mur comme un trou noir, une ouverture béant sur l'inconnu.
A l’époque, je n’étais pas très grande pour mon âge et plutôt maigrichonne aussi j'arrivais à me faufiler dans cette anfractuosité.
Je me retrouvais au sommet d’un étroit et raide escalier qui descendait dans le noir. J’eus beau me tordre le cou, je ne pus rien apercevoir d’intéressant. Par contre, remontaient de ce trou sinistre des remugles tantôt infects, tantôt excitants qui me rappelaient la mer.
Je frissonnais et rebroussais chemin. Je ne pouvais pas me risquer dans une telle aventure sans un minimum de préparation, et, le reste de l’après-midi, j’allais manger des gâteaux et jouer au jeu du destin chez Nadine.
 
J’oubliais quelque temps YAYA et l’escalier plongeant dans les ténèbres. C’était l’époque des contrôles à l’école et de plus, ma mère avait eu la mauvaise idée de m’inscrire au cours de tennis qui avait lieu tous les mercredis après-midi.
Mais le soir, avant de m’endormir, je me retrouvais au sommet de l’escalier et inventais mille moyens pour le franchir. Mais qu’y avait-il au bout ?
 
* * *


 
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Enfin, un mercredi de pluie.
Le mauvais temps me dispensait du tennis, ma mère allait jouer au bridge et moi je devais aller vaguement réviser ma géographie chez Nadine. C’était l’occasion rêvée!
De tous les moyens imaginés les plus audacieux pour franchir l’escalier mystérieux, le plus sûr me sembla de m’équiper d’une lampe électrique de poche et de prendre deux parts de goûter, on ne sait jamais...
Je téléphonais à Nadine lui disant que j’allais réviser la géographie avec Françoise, son ennemie jurée, on verrait bien par la suite, et je me dirigeais vers la rue Benoît Mallon.

La maison était toujours vide. Après avoir maîtrisé les battements de mon coeur, je pénétrais dans le trou béant, j’allumais ma lampe et commençais à inspecter les lieux. Je ne vis que la crasse, la moisissure, de drôles de filaments verts et mauves qui pendaient un peu partout. Je frissonnais et pour me donner un peu de courage, je criais « Hou ! Hou ! Il y a quelqu’un?». Seules quelques gouttes d’eau clapotaient un peu plus bas.
« Sinistre! » me dis-je et pourtant, mon pied droit se posa malgré moi sur la seconde marche et je me retrouvais en train de descendre cet escalier escarpé. Ma lampe de poche ne dégageait qu’un maigre cône de lumière, révélant toujours plus de saleté, de pourriture et d’humidité.
Je levais la tête et... je ne vis plus l’entrée, je m'arrêtais un instant, terrorisée. Mais, ne pas continuer à descendre me faisait perdre la seule chance que j’avais de retrouver YAYA et son mystère. En tremblant, je repris mon cheminement.
 
Maintenant, j’entendais nettement les glouglous d’un ruisseau qui résonnaient sur les pierres et, tout à coup, je sentis le vide sous moi. Je fis un bruit infernal en tombant et hurlais de terreur, mais personne n’avait dû m’entendre.
 
Je me retrouvais assise dans de l’eau, une violente douleur à la cheville. Ma lampe avait roulé au loin et s’était éteinte, ma jupe était mouillée et mon goûter tout trempé d’un jus qui n’avait rien d’appétissant. Il ne me restait plus qu’à remonter tant bien que mal et à imaginer une histoire plausible pour expliquer à ma mère la blessure de ma cheville (je n’avais menti que 7 fois depuis ma naissance, c’était peu pour une fille)...

 

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M
<br /> Voilà une jeune fille bien téméraire ! J'ai du mal a situer son âge ? Douze ans, non ?<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Oui, je viens d'entrer en sixième et je goûte à mes premières libertés<br /> <br /> <br /> <br />